mardi 18 février 2014

SÉBASTIEN FOUTOYET, UN ARTISTE À LA RENCONTRE DES LYCÉENS DES FLANDRES

Dans le cadre du projet A.R.T. (Artiste Résidence Territoire) porté par le Centre Social Éducatif d’Hazebrouck, le comédien et metteur en scène dijonnais Sébastien Foutoyet est venu à la rencontre des élèves du lycée des Flandres. Des échanges riches, parfois émouvants,  drôles assurément.


Des interventions variées

Le projet de Sébastien Foutoyet, c’est de proposer des « gestes artistiques » dans toute la ville, y compris dans les établissements scolaires. Il est venu rencontrer les enseignants pour expliquer sa démarche et inscrire ses interventions dans le projet pédagogique de chaque professeur. Du cours de philosophie en Terminale Littéraire à la mise en scène d’un extrait de Molière en Seconde, les différentes actions mises en place ne se ressemblent pas mais répondent avec cohérence à une exigence, celle de mettre les élèves en contact avec l’art vivant. Il s’agit pour le comédien de dépoussiérer leur vision du spectacle théâtral, d’attiser leur curiosité, de provoquer une émotion. En 1re S1 et en 1re ES3, il vient parler aux élèves de sa vocation et de son métier de comédien. Il insiste sur la dimension militante de son travail, lui qui pratique le théâtre de rue : « je fais du théâtre pour ceux qui n’aiment pas le théâtre ! ».


Tisser des liens

La première fois que Sébastien vient rencontrer les élèves de 1re ES1, ceux-ci ne s’y attendent pas. Quel est cet étrange individu, qui, un seau à la main et un carton dans l’autre, attend avec eux d’entrer en salle 107 ? Son intervention n’a en réalité rien d’impromptu : la classe travaille en ce moment sur la poésie de Prévert et le comédien est venu lire et dire des poèmes du recueil Paroles… « S’il vous plaît Madame, il peut revenir ? » : le rendez-vous est pris pour une nouvelle séance, cette fois-ci dans la cour du lycée, afin de mettre en voix le poème « Cet amour ».

Sous le regard étonné des lycéens qui passent, deux élèves perchés chacun sur une chaise se font face et lisent tour à tour : « Cet amour tout entier/ Si vivant encore/ Et tout ensoleillé/ C’est le tien/ C’est le mien/ Celui qui a été/ Cette chose toujours nouvelle/ Et qui n’a pas changé/ Aussi vrai qu’une plante/ Aussi tremblante qu’un oiseau »… Les voix se répondent comme en écho, se superposent parfois, s’entremêlent. En contrepoint, le reste de la classe se livre à un curieux bal silencieux, au-dessus duquel se tisse le dialogue poétique : « Cet amour qui faisait peur aux autres/ Qui les faisait parler/ Qui les faisait blêmir/ Cet amour guetté/ Parce que nous le guettions/ Traqué blessé piétiné achevé nié oublié ». Entre violence et tendresse, toute la portée du poème de Prévert est mise en scène dans cette étrange chorégraphie.


Une expérience théâtrale étonnante

Deux représentations de la pièce écrite et jouée par Sébastien Foutoyet et Nicolas Dewynter, « Un Miracle dans la fosse » (compagnie SF), ont eu  lieu au CDI du lycée. Le spectacle a amusé les élèves, il les a aussi déroutés : un homme, ou plutôt une marionnette placée entre les mains de son créateur/metteur en scène lui obéit aveuglément. A l’issue de chaque représentation, les deux comédiens viennent discuter avec les élèves de leurs impressions, et l’échange est favorisé par le dispositif scénique bi-frontal. Chacun peut partager son interprétation : pour l’un, la pièce illustre les relations de travail (dominant/dominé), pour un autre, elle évoque le lien entre un individu et sa conscience… Sébastien et Nicolas écoutent, réagissent, mais se refusent à exposer (partant, à imposer) leur propre vision de la pièce : leur objectif est de susciter le débat… qui se poursuivra et sera approfondi en classe.